29 août 2006

Kariba / Parc National de Mana Pools (Nord Zimbabwe) - arrivee le 05/08/06

Des mon arrivee au Zimbabwe, j'ai pu avoir la confirmation de l'hospitalite et la gentillesse de ses habitants (cette destination m'avait en effet ete fortement recommandee par un couple rencontre a Johannesbourg qui en revenaient (merci mille fois si vous me lisez)). En effet, des le trajet en bus pour arriver a Harare, j'ai rencontre quelqu'un qui se proposait de me servir de guide et chauffeur pour mes deplacements dans Harare (par pure hospitalite, sans attendre quoique ce soit de ma part autre que ma reconnaissance). Au cours de la semaine que je vais ensuite passer dans ce pays, je vais constamment etre invite a manger, boire des bieres ou juste discuter, ce qui me rappellera etrangement la Birmanie. D'autant plus etrange que ce ne sont pas les seules similitudes : une inflation galopante (ici ce n'est pas un petit 200 %, mais carrement plus de 1000% par an !!!), un regime au pouvoir tres critique (pas militarise comme en Birmanie, mais tres police quand meme) , et, je me repete un peu, des gens extremmement sympathiques et toujours pres a rendre service.
La situation economique, donc. Imaginez un pays dans lequel tous les prix augmentent environs une fois tous les deux jours, mais ou les salaires ne sont ajustes que deux fois par an (pour les chanceux...), ou on emet une nouvelle monaie (trois zeros en moins par rapport a l'ancienne) dont les billets ont une duree de vie de un an (!!!), ou il est strictement interdit de faire du change a un cours autre que le cours officiel (250Z$ pour 1 US$, contre pres de 1000Z$ pour 1US$ au marche noir...), au point ou la plupart des changeurs de rue dans Harare sont en fait des policiers en civil "piegeant" les eventuels "criminels", et ou la plupart des gens ont renonce a avoir un emploi salarie, preferant des activites de micro-entreprise leur permettant d'avoir des revenus plus flexibles et d'acceder plus facilement aux devises etrangeres. La grosse difference avec la situation en Birmane, c'est qu'ici il y a encore une dizaine d'annees l'economie etait excellente, a tel point que le pays etait un des plus performants d'afrique. Ceci est d'ailleurs facilement visible, les villes sont tres modernes, les infrastructures sont tres bonnes et les conditions sanitaires incomparables avec celles de ses voisins.
Comment expliquer un tel declin ? en faisant rapide, Mugabe qui est au pouvoir depuis vingt-cinq ans quand-meme, a decide au milieu des annees 90 de radicaliser sa politique anti-coloniale au point de chasser tous les fermiers blancs du pays. Le probleme, c'est que l'agriculture constituait plus de 60% du produit du pays ,que c'etait une production de grandes exploitations tres modernes, et que pour faire tourner ce type d'exploitation, il est necessaire d'avoir des competences qui ne s'acquierent pas du jour au lendemain. Une fois les fermiers blans partis, Mugabe a donc distribue les terres, evidemment en privilegiant son cercle de connaissances, les partisans le soutenant, etc. , bref des gens pas plus capables que moi d'en tirer quoique ce soit, ce qui n'a pas manque de faire chuter la production a un niveau proche de zero. Resultat, aujourd'hui la plupart des pays limitrophes ont une economie florissante, due en grande partie a l'exode des fermiers du Zimbabwe qui sont repartis de zero dans des endroits ou ils ont ete acceuillis a bras ouverts ,alors que la situation au Zimbabwe est au bord de l'implosion. De quoi faire pas mal cogiter sur la complexite du probleme de l'Afrique post-coloniale.
Autre point commun que j'ai trouve avec la Birmanie, mais qui doit surement pouvoir etre constate dans d'autres regimes totalitaires : les "fausses" elections. Lorsque vous etes dictateur (Mugabe ne se considere surement pas comme tel mais bon...) et que vous avez besoin de renforcer votre pouvoir et d'affaiblir vos adversaires, la meilleure methode est en effet d'organiser des elections "democratiques". Laissez vos opposants se manifester, passer a la tele, identifiez les leaders, localisez les zones sensibles, puis une fois le resultat des elections obtenu, deux possibilites : vous etes gagnant (tres peu probable si les elections ne sont pas completement truquees) et tout va bien pour vous, ou vous etes perdant et tout va bien aussi puisqu'il vous suffit alors d'organiser des raffles massives de tous les opposants maintenant connus, d'accentuer la presence militaire dans les zones sensibles, et vous etes tranquilles pour quelques annees sans gene de vos opposants...
Mais le Zimbabwe ce n'est pas qu'un pays en crise, c'est aussi un pays superbe, avec une vie sauvage extremement bien preservee dans le nord du pays. C'est donc dans cette region que je vais me rendre, mon point de depart sera Kariba ou je vais prendre contact avec un guide local pour qu'il m'emmene faire un safari en canoe sur le Zambeze.Nous partons donc tous les deux sur notre canoe pour 4 jours, avec une tente et une reserve de nourriture suffisante. Des le debut j'ai l'impression de rever eveille. Nous progressons tranquillement portes par le courant, les sens constamment en eveil, au milieu des hippopotames, crocodiles, elephants venant boire sur les rives et bien sur d'innombrables oiseaux qui apportent la touche finale au tableau. Je dois dire que je ne suis pas toujours tres a l'aise, car les hippopotames ont la reputation de ne pas etre tres commodes et d'aimer faire chavirer les petites embarcations qui leur passent trop pres. Le probleme c'est que une fois dans l'eau, vous avez interet a nager tres tres vite pour ne pas vous faire bouffer par un des crocodiles qui pullulent ici. Le guide me rassure en me disant que tant qu'on fait attention a passer suffisamment loin des hippopotames on ne craint rien, mais le probleme c'est que plusieurs fois on est tombe sur des individus isoles qui ont sorti la tete de l'eau a quelques metres a peine de notre ridicule embarcation. Dans ce cas la ils replongent tout de suite et pendant la minute qui suit on ne sait psa s'ils vont tout d'un coup surgir de sous le canoe ou s'il sont deja partis loin... un peu stressant parfois, mais cela ne fait qu'ajouter a la sensation d'etre en contact direct avec la nature.Je me souviens de certaines scenes ou j'avais un sentiment similaire a celui que j'ai pu avoir la premiere fois que j'ai vu jurrassic park (film par ailleurs plutot bidon), ou on voit pour la premiere fois les dinosaures petre dans une prairie. J'avais tout simplement l'impression d'avoir fait un saut dans le temps et de m'etre transpose a une epoque ou les animaux vivaient comme ca partout. Vraiment impressionnant et surtout tres beau.
Un jour que nous metons le pied a terre pour s'approcher d'un endroit ou beaucoup d'animaux viennent manger et boire, et ou par consequent les lions aiment bien chasser, je vois mon guide qui prend le fusil, ouvre sa sacoche, verifie quelque chose, puis repose le fusil et prend a la place une rame a la main. Je lui demande ce qu'il est en train de faire, et il m'avoue qu'il a oublie de charger le fusil, mais m'assure qu'il n'a jamais eu a s'en servir. Bon, on fera attention de pas trop s'approcher des lions quand meme.
Les nuits sont superbes aussi, on s'endort au son des ricanements des hippopotames (leur cri ressemble vraiment a un ricanement satanique), des barrissements des elephants, des hurlements des hyenes et des cris hysteriques des baboins. La premiere chose qu'on fait en se reveillant, c'est regarder les traces laissees durant la nuit sur le sable pour identifier quel genre de visiteurs on a eu pendant notre sommeil....
Bref, une experience inoubliable, qui sera en quelque sorte le bouquet final de mon voyage, puisque apres cela, retour au bercail ! pas pour longtemps en fait, apres une semaine passee a Saint Paul (France), j'ai un aller simple pour Sao Paolo (Bresil) d'ou je ne manquerai pas de voyager dans cet immense pays que je connais encore si peu...

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Magnifique, Stanislas.

Voila une boucle d'inter-deux vies impressionnante.

Dans la richesse de son contenu, sa densité, l'humilité du comportement qui te permit la découverte de l'Autre, mais aussi dans la radicalité de son exécution, un choix de transformation de soi - de toi - qui laisse entrevoir une force de caractère et une capacité d'idéalisation rares.

Bonne et sereine nouvelle vie à toi et à tous ceux dont tu deviendras la dynamique et le pilier !

Affectueusement, Caroline, Dominique

Anonyme a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
Anonyme a dit…

Je tenais à féliciter ce recit pour la réalité des faits, qui permet de sortir un peu du systeme étoilé :)

Si vous êtes pret à partager un peu de temps, je vous conseille ce site trivago.fr, pour partager vos aventures

A bientôt+++