06 juin 2006

Hsipaw (est Birmanie) - arrrivee le 12/05/06

Comme de coutume en Birmanie, le trajet pour se rendre d'un point a un autre pourrait constituer un but en lui-meme, car il offre souvent un spectacle passionnant, celui d'une tranche de vie a la birmane, sans la mise en scene souvent reservee au tourisme.
Laissez moi donc vous decrire un trajet typique en bus. Le bus, tout d'abord, est en general vieux de quelques decennies, ce qui ne l'empeche pas d'avoir un aspect robuste plutot securisant accentue par les enormes roues tout terrain et le chassis sureleve. A l'interieur, les sieges sont accroches tres haut, ce qui permet de charger dessous une bonne couche de cartons sur toute la surface du plancher. La place pour les jambes s'en trouve fortement diminuee, et en general j'avais les genoux au niveau de menton pendant la plupart de mes deplacements. Dans le dernier tiers arriere du bus, il n'y a carrement pas de sieges, la place etant reservee aux chargements plus volumineux que les cartons... qui occupent egalement l'allee centrale. Aucun centimetre carre n'est donc perdu, et meme le volume entre le siege du chauffeur et la porte d'entree du bus est utilise, puisque viennent s'y entasser tant bien que mal tous les passagers "courte distance". En effet, en plus de couvrir le trajet officiel entre deux villes assez eloignees, le bus fait aussi office de bus local, puisque n'importe qui au bord de la route peut faire signe pour qu'il s'arrete et descendre 500 metres plus loin.
Voila pourquoi un bus peut mettre dix heures pour faire 100 kilometres... sans oublier qu'il faut aussi decharger toutes les marchandises, le bus se transforme alors en camion de livraison, passant d'un magasin a l'autre pour apporter les commandes. En ajoutant a cela le risque d'avoir la route bloquee par un camion retourne ou tout simplement en panne, et il faut en gros prevoir une bonne journee pour une distance couvrable en une heure dans nos contrees...
Particulier aussi, le nombre de vendeurs ambulants le long des routes qui arrivent en courant, un plateau sur la tete, des qu'un bus s'arrete quelques instants. Ils se mettent alors a crier alors de maniere repetitive en presentant leurs mets sous les fenetres jusqu'au dernier moment, en esperant que quelqu'un se decide finalement a acheter quelque chose. Il faut dire que les birmans mangent beaucoup et souvent (tant qu'ils en ont les moyens bien entendu), et ils n'hestitent pas a acheter quelque chose a grignoter des que l'occasion se presente.
Arrive a Hsipaw, je me renseigne tout de suite sur les possibilites pour me rendre a Nahmsan, petit village perdu en pleine montagne. On me dit que peut-etre un bus passera le lendemain, il faut que j'attende sur la route a partir de six heures du matin. A midi, toujours pas de bus, et on finit par me dire qu'en raison du mauvais temps (il pleut des trombes d'eau depuis 2 jours), la route est probablement bloquee. A ma question de savoir s'il y a des chances pour que la route soit degagee le lendemain, on me repond de maniere enimagtique "Peut-etre demain ou dans une semaine...". Sachant que le probleme risque d'etre le meme au retour, je me resigne a rester a Hsipaw, en me promettant que la prochaine que je viens en birmanie je commencerai par me rendre a Nahmsan.
A Hsipaw, je rencontre un francais qui etait la depuis quelques jours et qui voulait lui aussi initialement se rendre a Nahmsan. On decide de partir pour un petit trek ensemble, apres avoir convaincu le reponsable de la guesthouse qu'on n'avait pas besoin de guide. On aura quand-meme du attendre une journee de plus, afin qu'il se renseigne sur la situation militaire de la zone dans laquelle nous devions nous rendre.
On arrive au village apres 5 heures de marche a bon rythme, et on commence par en faire le tour tranquillement, tant pour visiter que pour essayer de trouver un endroit pour dormir. Je suis surpris de constater que beaucoup d'enfants (les plus jeunes) fondent en larmes ou s'enfuient en courant des qu'ils nous apercoivent. Les plus ages sont plus a l'aise et nous lancent des "hellos" a tout-va. On est bientot encercle de petites tetes curieuses et amicales, mais pas d'adultes, qui doivent probablement encore etre dans les champs a cette heure-ci. On rencontre finalement une femme tres souriante et tres timide a qui lorsque on lui fait le signe "dormir" nous repond par le signe "ma maison". Nous la suivons donc, et nous nous retrouvons donc dans la maison ou elle vit avec son mari et ses deux enfants, maison qui s'averera en fait etre le troquet du village. En fin d'apres-midi, les hommes commencent a defiler, pour boire une eau de vie locale et fumer des cigarettes (qu'ils fument avec une pipe a eau !), mais aussi pour miser sur le numero qui leur apportera peut-etre fortune, a un jeu apparement importe de thailande qui remporte ici un franc succes. Le principe est le suivant : dans un petit livre contenant une liste de centaines d'images associees a des numeros, il faut retrouver l'image se rapprochant le plus possible d'un reve fait la veille et miser sur le numero correspondant, ce qui peut rapporter jusqu'a 700 fois la mise.
Mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises : alors que nous sommes dans ce petit village tres isole ou les gens semblent vivre comme nous vivions au moyen age, a 20 heures precises, nos hotes sortent pour allumer un groupe electrogene qui sert a allimenter en courant... un systeme de karaoke ! bientot tout le village se presente, rassemble au son des deux grosses baffles utilisees au maximum de leurs capacites. Tout le monde s'assoie devant l'ecran apres s'etre acquite d'un petit droit d'entree, et ceux qui le veulent commencent a chanter chacun leur tour des tubes birmans accompagnes de clips bien kitchs (ceux-la doivent par contre payer un peu plus... la patronne a le sens du commerce...). Meme les moines viennent s'encanailler et fumer quelques cigarettes avant de s'endormir au milieu de la salle.
En montant me coucher, j'ecrase malencontreusement une poule qui dormait dans l'escalier et son cri surgi de l'obscurite me provoque une belle frayeur... Le tapis en bambou pose a meme le plancher qui devra me servir de lit est apparement lui aussi pas mal aprecie des poules puisque je dois virer quelques unes de leur chiures avant de m'allonger...
Nous sommes reveilles vers quatre heures par le coq qui se trouve dans la piece a cote et dont les cris sont bentot relayes par les hennissements ds chevaux de l'etable juste en dessous qui ont l'air affames.
Apres un bon petit dejeuner et une vaine tentative de donner quelque chose a nos hotes pour la nuit et les repas, nous redenscendons ravis de cette etonnante viree.

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